Bagarres entre militaires et «Zoot-Suiters» à Montréal

Par Serge Marc Durflinger

Ce texte a initialement été publié dans Serge Bernier et al., L’Impact de la Deuxième Guerre mondiale sur les sociétés canadienne et québécoise, Université du Québec à Montréal et la Direction Histoire et patrimoine de la Défense nationale, Ottawa, 1998. Il est reproduit avec la permission de l’éditeur et de l’auteur.

Les chiffres entre parenthèses renvoient aux notes placées à la suite du texte.

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À la fin de mai et au début de juin 1944, la région de Montréal a été secouée par une série de bagarres entre militaires, surtout des marins, et des civils, des «zoot-suiters» pour la plupart. Quelle était la cause de ces affrontements? Le mal de vivre de la jeunesse? Les tensions sociales liées à la situation de guerre? Ou les dissensions nationales d’ordre politique et linguistique au sujet de la conscription? Qui était responsable de la violence? Les autorités navales locales auraient-elles pu éviter ces désordres?

Un soldat américain inspectant des « zoot suiters » aux États-Unis en 1942

Nous évoquerons ici les événements de juin 1944, en les situant dans le contexte des relations entre civils et militaires à Montréal, à cette époque. Ces relations ont influé sur la manière dont les autorités civiles et navales ont interprété les faits. Le rapport de la commission d’enquête sur les émeutes impliquant les zoot-suiters est particulièrement intéressant et donne à penser que les autorités navales basées à Montréal ont tenté de nier leur part de responsabilité dans cette affaire.

Nous montrerons que, contrairement aux idées communément répandues à l’époque, les jeunes zoot-suiters étaient issus de divers milieux ethniques et linguistiques, et n’étaient pas nécessairement majoritairement francophones. Nous tenterons de jeter un nouvel éclairage sur une page de l’histoire sociale-militaire canadienne qui est longtemps restée dans l’ombre.

Le style «zoot» était à la mode chez certains jeunes gens dans les années 1940. En voici une description générale: un long manteau ample, aux épaules rembourrées, un pantalon bouffant à la ceinture très haute, un gros nœud papillon, un chapeau à large bord et une longue chaîne de montre. Ce style vestimentaire flamboyant était destiné à attirer l’attention et caractérisait ce que l’on appelait communément les «zoot-suiters» ou «zooters». Cette mode était surtout répandue en Amérique du Nord et, dans une moindre mesure, en Grande-Bretagne.(1)

La plupart des observateurs sont arrivés à la conclusion que le style zoot symbolisait la rébellion et la non-conformité de la jeunesse. Le grand public prêtait aux zoot-suiters, à tort ou à raison, un comportement antisocial, c’est-à-dire une propension à la violence, à l’abus d’alcool et aux flâneries suspectes. Compte tenu du climat de tension qui régnait en temps de guerre au Canada, et des appels à la cohésion sociale lancés par Ottawa, les frasques et les frusques des zoot-suiters prenaient une saveur antipatriotique aux yeux de bien des Canadiens, particulièrement de ceux qui portaient l’uniforme. Dès 1942, la tenue zoot était, strictement parlant, illégale: elle contrevenait aux directives émises par la Commission des prix et du commerce en temps de guerre au sujet du rationnement des tissus et des textiles. Les valeurs sociales propres aux zoot-suiters étaient en conflit avec les préceptes moraux adoptés en temps de guerre. Les militaires stationnés dans les grands centres urbains, à proximité où étaient concentrés les zoot-suiters, en sont venus à haïr ces derniers.(2) Ces deux groupes de jeunes gens, agressifs et portant chacun son «uniforme», allaient au devant de l’affrontement.

Dès l’automne de 1943, on signala à Montréal quelques escarmouches sans gravité entre membres des forces armées et zoot-suiters, suivis d’incidents intermittents tout au long de l’hiver 1944. C’est dans la nuit du 27 mai 1944 qu’eurent lieu des bagarres plus graves entre zoot-suiters et militaires, à Saint-Lambert, juste en face de Montréal, sur la rive sud du Saint-Laurent. Pour mettre en évidence la dimension linguistique qu’on attribuait aux affrontements, le quotidien La Presse fit observer que la plupart des zoot-suiters étaient d’origine italienne, bien qu’il y eut également des Canadiens français parmi eux. Les soldats et les quelques jeunes de Saint-Lambert qui constituaient le camp adverse étaient des Canadiens anglais pour la plupart. Le 31 mai, de nouvelles altercations se sont produites à Saint-Lambert, et les affrontements se sont multipliés rapidement pour gagner le côté sud du pont Jacques-Cartier. Là, une soixantaine de soldats, francophones pour la plupart, stationnés tout près, à Longueuil, furent assailis par une bande d’environ 200 zoot-suiters d’origines diverses, dont 53 furent arrêtés par la Prévôté de l’armée.(3) Tous les jours qui suivent, on signale des accrochages isolés dans la région de Montréal. Lors d’un incident particulièrement déplaisant, des zooters battent un marin et sa femme, rue Dorchester, dans la nuit du 2 juin. Cette attaque perturba tellement les autres marins stationnés à Montréal qu’ils décidèrent de se venger immédiatement contre ces zoot-suiters détestés.(4)

Le samedi 3 juin, vers 21h00, un homme de la Patrouille navale à terre téléphonait au lieutenant Bruce C. Whittaker, RVMRC, officier de la Patrouille, Montréal, pour l’informer qu’un groupe de quelque 4000 marins indisciplinés était en train de se rassembler au Carré Philip, rue Sainte-Catherine, dans le centre de Montréal. Le lieutenant Whittaker relaya immédiatement la nouvelle au capitaine J.E.W. Oland, DSC, MRC, Commandant de la Marine, NCSM Hochelaga, à Montréal. Le capitaine Oland, alarmé, ordonna à toutes les patrouilles à terre disponibles de se rendre au Carré Philip pour disperser les émeutiers et les empêcher de provoquer davantage de troubles. Au même moment, toutefois, un second groupe important de marins était signalé plus à l’ouest; il se préparait à emprunter l’avenue Atwater en direction de leur objectif: la ville de Verdun, située à environ trois kilomètres au sud-ouest. Il était clair, aux yeux de Whittaker et d’Oland, que ces bandes de marins étaient la principale cause des affrontements susceptibles de se produire dans la ville cette nuit-là.(5)

Whittaker concentra un effectif dérisoire de 16 patrouilleurs à terre dans le centre-ville et mobilisa plus de 100 patrouilleurs auxiliaires parmi les matelots en service à NCSM Donnacona, la principale division de la Réserve navale à Montréal, et à NCSM Hochelaga, le quartier général de la Marine à Montréal. Ces hommes furent dépêchés sur les lieux des troubles signalés dans le centre-ville et à Verdun, et chargés de rétablir l’ordre.(6) C’était une entreprise plutôt risquée d’envoyer dans l’arène comme patrouilleurs auxiliaires des matelots qui sympathisaient certainement avec leurs pairs; à Verdun, on a d’ailleurs signalé que certains patrouilleurs auxiliaires s’en étaient pris à des zoot-suiters. Mais, pressées par l’urgence de la situation, les autorités navales n’avaient pas vraiment eu d’autre choix que d’agir ainsi.

Les marins, bien organisés, se divisent rapidement en plusieurs groupes de 75 à 100 hommes et commencent leur chasse aux zooters. Des groupes plus petits de soldats et d’aviateurs se joignent à eux; ils rentrent dans les clubs, les bars, les restaurants, les salles de danse, les salles de billard et partout où les zoot-suiters étaient susceptibles de se retrouver. Dès qu’ils repéraient des zooters, les marins les battaient et leur arrachaient leurs vêtements, qu’ils mettaient promptement en pièces. Les victimes étaient laissées en sous-vêtements jusqu’à ce que la police leur porte secours. Certains des clubs de nuit les plus courus de Montréal furent la cible de la rage des marins: le Palais d’Or, le Val d’Or Club, et le Chez Maurice Danceland. Ironie du sort, les bureaux du quartier général de la patrouille à terre au centre-ville étaient situés juste au-dessus du Chez Maurice Danceland. Tous ces établissements et bien d’autres subirent des dégâts matériels mineurs. Des affrontements plus graves se succédent le long de la rue Sainte-Catherine, particulièrement à l’intersection de la rue Bleury et quelques blocs plus à l’est. Des incidents violents furent également signalés rue Ontario, dans le parc Lafontaine et en d’autres endroits dispersés.(7)

Au même moment, plus de 100 marins en colère se rendent à pied ou en taxi au Verdun Dance Pavilion, situé en bordure du Saint-Laurent. Il s’en suit une bataille avec une soixantaine de jeunes, qui n’étaient pas tous des zooters. Dans les deux camps, on se battait à coup de bouteilles et de bâtons. Des douzaines de patrouilleurs à terre, de prévôts de l’armée et de policiers de Verdun sont arrivés sur les lieux pour dissiper la mêlée. Le Messager de Verdun décrivit la scène en ces termes:

(Traduction) Les «zoot-suiters» se sont barricadés dans la salle de danse, tandis que les jeunes marins ont démonté des bancs de parc en ciment qu’ils ont utilisés comme béliers pour se frayer un passage dans le bâtiment (…) Ils ont ordonné à toutes les femmes de quitter les lieux, à l’exception de deux d’entre elles, qui portaient l’équivalent féminin d’un zoot-suit, et ont également mis dehors tous les jeunes gens qui n’étaient pas des «zoot-suiters». Puis ils ont entrepris de mettre en pièces les vêtements des malheureux «zoot-suiters» et des deux jeunes femmes qu’ils avaient prises dans leurs filets. Certains ont grimpé jusqu’aux chevrons du bâtiment, mais ont vite été tirés de leurs perchoirs (…) beaucoup étaient couverts de bleus et avaient un œil au beurre noir.(8)

La bagarre dura plus d’une heure, pour se terminer vers 23h00. Le Montreal Daily Star qualifia l’affrontement de Verdun de «vicieuse», tandis que La Presse notait: « les bagarres ont pris des proportions graves à Verdun ».(9)

Dès 2h30 le lendemain matin, dimanche, la paix était rétablie à Montréal; patrouilleurs à terre et policiers ont repris le contrôle des rues de la ville. Les affrontements ont fait des dizaines de blessés parmi les zooters, les marins, les spectateurs et les policiers de Montréal et de Verdun. Plus de 40 personnes, dont 37 marins, furent arrêtées. Les accrochages entre zooters et marins, aviateurs et soldats se poursuivent de façon sporadique jusqu’au 7 juin, bien que le zoot suit se fasse rare dans les rues de Montréal. Le Montreal Star parla de « guerre privée des militaires contre les zoot-suiters, et The Gazette de «campagne des forces armées contre les zoot-suiters dans l’île de Montréal».(10) Les émeutes déclenchées par les zooters ont faites les manchettes dans la presse de langue anglaise jusqu’au 6 juin, pour céder ensuite la place aux nouvelles touchant des affrontements autrement plus graves en Normandie. Mais les explications, les récriminations et les condamnations au sujet des affrontements ne faisaient que commencer.

Le lendemain, pour tenter de désamorcer une situation devenue instable, le capitaine Oland annonça que toutes les permissions étaient annulées, tant pour les marins basés à Montréal que pour les équipages des navires ancrés dans le port. Tous les matelots relevant du quartier général de la Marine et de NCSM Donnacona furent consignés à la caserne. On leur imposa un couvre-feu, interdisant toute sortie après 21h00. Ces mesures laissent entendre que la Marine reconnaissait qu’elle était au moins en partie responsable des troubles. En outre, Oland convoqua une commission d’enquête, qui se réunit à NCSM Hochelaga le 5 juin pour examiner le rôle de la marine et établir qui était responsable dans cette affaire.(11)

La commission d’enquête était présidée par le commandant F.H. Davis, MRC, contrôleur naval pour Montréal. Les trois autres membres étaient des officiers en service à Montréal: le lieutenant J.H.E. Colby, RVMRC; le lieutenant D.S. Howard, RVMRC; et le lieutenant W.G. Duggan, RMRC. Fait digne d’être noté, tous ces officiers étaient des Canadiens anglophones, comme l’immense majorité des officiers de la Marine royale canadienne.(12) La commission d’enquête siégea pendant une journée et recueillit les dépositions d’officiers et d’hommes de la marine, de patrouilleurs à terre, de zooters, de spectateurs civils et du propriétaire du Verdun Dance Pavilion. Les témoignages, ainsi que le rapport officiel d’enquête de trois pages, étaient très révélateurs. Le ton hostile du rapport mettait en évidence les relations tendues qu’entretenaient les civils et les militaires à Montréal.

La commission d’enquête profita de l’occasion pour se défouler sur la police de Montréal et pour attirer l’attention des autorités supérieures sur certaines questions. Dès sa première phrase, le rapport exonérait de tout blâme les marins en affirmant que les troubles étaient entièrement dus au fait que plusieurs militaires avaient été agressés au cours des semaines précédentes par des zoot-suiters. La commission blâmait également la police de Montréal de n’avoir pas su prévenir ces incidents et l’accusait de harceler le personnel de la marine. Étant donné que les zooters avaient multiplié les attaques contre des militaires dans les jours précédant le 3 juin, «sans que la police n’intervienne, si ce n’est qu’en arrêtant des membres de la Marine, dont la plupart étaient d’innocents spectateurs ou des victimes de ces attaques», les matelots en avaient conclu que «pour assurer leur propre sécurité dans les rues, ils seraient forcés d’agir à leur tour…ce qu’ils ont fini par faire». Les commissaires ne se contentaient pas de s’associer aux frustrations des matelots: ils prétendaient également que s’ils n’avaient pas pris de représailles, «les autorités civiles n’auraient rien fait (…) et le public n’aurait jamais rien su des méfaits des zooters».(13) Ce qui revenait à dire que les marins avaient rendu service au public en jouant les justiciers contre les zooters.

Le contenu du rapport était contestable (c’est le moins qu’on puisse dire), en ce sens que les témoignages et éléments de preuve avaient été fournis par une majorité de membres de la marine. Selon les commissaires, la preuve démontrait de façon concluante que les zooters formaient «une secte ou un clan dont les intentions subversives sont de saboter l’effort de guerre en lançant des attaques injustifiables contre des membres des forces armées». Cette théorie fantaisiste sur le complot des zoot-suiters était fondée sur le témoignage peu convaincant, et intéressé, d’un seul homme, le matelot de 3e classe Douglas Codner, 19 ans. Dans leur rapport, les commissaires insistaient sur le fait que les zooters étaient «les frères cadets des Chemises noires (sic), organisation anciennement dirigée par Adrien Arcand». Ils ajoutaient que de nombreux zooters étant d’origine italienne, ils tentaient, «par des moyens antipatriotiques et violents, de forcer la main du gouvernement pour qu’il libère leurs pères et autres proches des camps d’internement». Les membres de la commission semblaient ignorer qu’en juin 1944, la plupart des Italiens internés dans des camps avaient été libérés; de plus, l’Italie était, en principe, un pays allié depuis septembre 1943.

L’invasion de la Normandie qui eut lieu cette semaine-là a peut-être aussi incité la commission d’enquête à exonérer les matelots (et leurs officiers) de tout blâme. À l’heure où les membres des forces armées canadiennes étaient glorifiés dans la presse, on pouvait bien vanter les mérites des marins à Montréal qui luttaient à leur manière pour la démocratie. Non seulement prêtait-on des tendances fascistes aux zooters, mais les militaires et les civils des milieux «patriotes» les prenaient pour des réfractaires qui tentaient d’éviter la conscription. L’action vengeresse des marins n’en paraissait que plus légitime. En septembre 1944, un militaire de Verdun écrivit une lettre au maire de cette ville, dans laquelle il disait :

(Traduction) (…) au moment présent, les Boches sont en fuite et les gars ne leur laissent aucun répit (…) Mais si nos loyaux amis les «zoot-suiters» ne veulent pas se battre pour leur pays, nous devrons nous battre seuls (…) Si vous avez besoin de renforts à Montréal pour lutter contre ceux qui cherchent à éviter la conscription, vous en trouverez plus qu’il ne vous en faut en France. (14)

Les marins de Montréal se croyaient peut-être également au front, puisqu’ils luttaient contre les ennemis du Canada.

La recommandation finale de la commission d’enquête était étonnante et révélatrice du manque de coopération entre le commandement de la Marine et la police locale. Puisqu’il y avait eu d’autres affrontements entre le 3 juin et la publication du rapport, le 8 juin, et puisque un nombre relativement limité de marins avaient été autorisés à circuler dans les rues de Montréal pendant cette période, les commissaires en concluaient que la police ne pouvait ni ne voulait faire cesser les troubles. Ils poursuivaient en affirmant qu’il était injuste de consigner plus longtemps les marins à la caserne puisqu’ils ne semblaient pas être la cause des bagarres. Ils ajoutaient que «les militaires ne seraient jamais en sécurité dans les rues de Montréal tant que cette organisation ne serait pas démantelée». En conséquence, la seule solution viable, à leurs yeux, était de «déclarer la loi martiale, dans la Ville et le District de Montréal».

Cette recommandation, et toutes les observations formulées dans le rapport, semblaient bien loin des réalités politiques de l’époque. Peut-être est-ce parce que les bagarres sont justement survenues à ce moment précis; elles ne pouvaient pas tomber plus mal pour le capitaine Oland et les officiers des établissements Hochelaga et Donnacona. En effet, le ministre de la Défense nationale pour le Service naval, Angus L. MacDonald, et le chef de l’état-major de la marine, le vice-amiral G.C. Jones, MRC, devaient arriver à Montréal le 9 juin pour l’inauguration des nouvelles installations Donnacona, rue Drummond. Il n’est pas impossible qu’à la veille de l’arrivée de leurs supérieurs militaire et politique, les officiers composant la commission d’enquête aient agité le spectre de la subversion et cherché à présenter les marins placés sous leur commandement comme de valeureux combattants affrontant les opposants à l’effort de guerre.

Les membres de la commission ont peut-être pris l’exemple, dans leurs conclusions, du capitaine Oland. En effet, le journal de guerre de Hochelaga qu’Oland a rédigé en juin 1944 et envoyé au contre-amiral Leonard W. Murray, CBE, MRC, commandant en chef, Atlantique nord-ouest canadien, Halifax, faisait état du conflit «latent» opposant les militaires aux «voyous» de Montréal. Oland excusait ses hommes en affirmant qu’après toutes ces provocations, les matelots «ne pouvaient plus se contenir». À l’exception de cette allusion vague, toutefois, il se gardait bien d’aborder dans son journal de guerre la question des rapports entre civils et militaires à Montréal.(15)

Oland remit à MacDonald et au vice-amiral Jones copie du rapport de la commission d’enquête que lui avait soumis la veille, sans doute en toute hâte, le commandant Davis.(16) Rien ne donnait à penser qu’Oland désapprouvait quoique ce soit dans le rapport. Il ne semble pas que l’on ait fait mention des opinions du ministre et du chef de l’état-major de la marine, mais la recommandation draconienne proposée en faveur de l’imposition de la loi martiale n’avait certainement pas dû leur plaire. En dépit de ses exagérations, le rapport exposait amplement les rancunes que nourrissaient les autorités navales de Montréal à l’égard des forces de police locales et des jeunes qui n’étaient pas en service actif.

Le 10 juin, des copies du rapport de la commission d’enquête furent envoyées au Commandement en chef, Atlantique Nord-ouest canadien, et au commissaire en chef de 2e classe, Joseph Jeffrey, RVMRC, secrétaire du Conseil naval, Ottawa. Le contre-amiral Murray et les membres de son état-major qui ont pris connaissance du rapport ne furent impressionnés ni dans un sens ni dans l’autre. Alors que personne à Halifax n’était en faveur de la loi martiale, ils étaient quand même en sympathie avec les marins basés à Montréal, étant donné la façon dont la police et les civils les avaient traités.(17) Après tout, les marins de Halifax ne se plaignaient-ils pas des mêmes problèmes? On a fait état ailleurs de l’hostilité qui régnait entre les marins et la population de Halifax pendant la guerre, et de l’incompétence de la Marine face aux incidents impliquant des marins et des civils. Les membres des forces armées avaient tendance à dire que les tensions entre civils et militaires étaient dues à l’hostilité de la population locale ou à l’inefficacité des autorités civiles.(18)

Après lecture des dépositions transcrites dans le rapport de la commission d’enquête, le commissaire en chef de 2e classe. Jeffrey jugea les observations formulées inacceptables. Il était outragé par le travail bâclé accompli par la commission et par le ton hostile du rapport. Dans une note de service rédigée en réponse au rapport, il affirma: «Le verdict ne cadre pas avec la preuve fournie, mais dénote plutôt un préjugé favorable à l’endroit des membres de la Marine.» Une copie de la note de Jeffrey fut envoyée au contre-amiral Murray. En outre, le secrétaire du Conseil naval ne se laissa pas impressionner par les efforts déployés par les officiers de Montréal en vue d’incriminer tout le monde, sauf leurs hommes. Il écrivit à ce sujet: «La preuve révèle un manque de discipline au sein du commandement de Montréal, que les officiers concernés contribuent à aggraver en adoptant une attitude qui n’est pas à la hauteur de leur position ni de leur niveau de responsabilité.» Selon lui, si les autorités navales n’avaient su prendre les précautions requises pour empêcher les marins de se livrer à des actes de violence, c’était à cause d’un manque de coopération entre les officiers et leurs hommes. Jeffrey était choqué de constater que rien n’avait été tenté pour identifier et poursuivre les meneurs dans le camp des marins qui étaient à l’origine des émeutes du 3 juin. Il convenait avec les membres de la commission d’enquête que les rapports entre la police de Montréal et les autorités navales étaient «loin d’être cordiaux», mais il ne savait pas qui devait être blâmé.(19)

Les autorités municipales de Montréal ne faisaient aucune illusion sur cette question: à l’Hôtel de ville, on jugeait que les marins avaient planifié et orchestré les affrontements et que, au plus fort de la bataille, du 3 au 5 juin, les patrouilles navales à terre avaient outrepassé leurs pouvoirs et agi de manière provocatrice. Dans la nuit du 6 juin, plus de 150 patrouilleurs à terre et patrouilleurs auxiliaires se sont déployés dans les rues en réponse aux incidents violents signalés entre zooters et marins, et plusieurs bagarres de moindre importance ont éclaté après leur arrivée sur les lieux. La veille, lors d’un affrontement rue Sainte-Catherine, la police avait ordonné expressément à la patrouille à terre de quitter les lieux. Les autorités civiles ne semblaient pas ajouter foi à l’impartialité de ces policiers-marins.(20)

Selon J. Omer Asselin, président du Comité éxécutif de Montréal, les patrouilles à terre «faisaient la loi». Le 7 juin, The Gazette signala que, dans une déclaration «courtoise mais ferme», Asselin avait conseillé, mais non pas demandé expressément, à toutes les forces de police militaire de cesser leurs patrouilles dans les rues de Montréal. Il était temps, estimait-il, que la police de Montréal et la police militaire (qui se méfiaient l’une de l’autre) s’entendent «à l’amiable» sur la question de savoir qui devait intervenir en cas de troubles impliquant des militaires. Puisque les marins étaient cantonnés à la caserne et qu’un couvre-feu leur était imposé à ce moment-là, les autorités navales ont accepté de retirer les patrouilles à terre. Sans doute a-t-on regretté l’absence des patrouilleurs dans la nuit du 7 juin, au cours de laquelle de nouvelles bagarres ont éclaté entre zooters, soldats et aviateurs, qui firent un grand nombre de blessés, sans parler des arrestations. Sans l’intervention de la police navale dans la nuit du 3 juin, les émeutes et les manifestations de violence survenues à Montréal auraient eu des conséquences bien plus désastreuses.

Il se peut que les dissensions linguistiques aient été pour quelque chose dans certains de ces troubles. À Montréal, le débat entourant la question de la conscription contribuait à exacerber les tensions entre militaires anglophones et civils francophones. Les zooters étant considérés comme des réfractaires et détestés à ce titre, ils deviennent des cibles faciles pour les militaires frustrés; comme on croyait également qu’ils étaient majoritairement francophones, il est possible que la situation s’envenimait.(21) Mais c’était là une vision simpliste des choses de supposer que la plupart des zooters étaient des Canadiens français, et que tous les marins étaient des Canadiens anglais.

Selon les dépositions recueillies par la commission d’enquête, les zooters qui ont été attaqués à Montréal et à Verdun par des marins, anglophones pour la plupart, étaient issus de divers milieux ethniques. Cinq des huit témoins qui ont été interrogés sur la question de la langue ou de l’origine ethnique des zooters ont bien précisé qu’ils étaient surtout de descendance italienne; deux autres ont affirmé que la plupart étaient francophones, tandis que le dernier pensait plutôt qu’ils provenaient de tous les milieux. Plusieurs témoins ont également indiqué que certains zooters étaient «juifs» ou «syriens», et la plupart ont reconnu que beaucoup d’entre eux étaient de langue anglaise.(22) Contrairement à l’opinion communément répandue, les émeutes survenues à Montréal et à Verdun impliquant des zoot-suiters n’étaient pas des batailles rangées divisant clairement francophones et anglophones. En partant de cette idée fausse, on a mal interprété la signification de ces affrontements sur le plan des relations sociales en temps de guerre.

Du 5 au 8 juin, The Montreal Star ou The Gazette n’ont fait allusion qu’une seule fois au fait que les problèmes de langue n’étaient peut-être pas étrangers aux émeutes. The Gazette du 8 juin cite les propos d’un psychiatre, selon lequel un conflit racial entre anglophones et francophones risquait de survenir si on laissait aller les choses. La Presse et Le Devoir sont également restés discrets sur la question et n’ont pas présenté les émeutes en première page. Toutefois, ces deux quotidiens s’en sont pris à la Marine: le 5 juin, Le Devoir notait sur un ton sarcastique que des matelots accusés d’avoir troublé l’ordre public avaient plaidé non coupables devant le Recorder de Montréal ce matin-là; et La Presse publiait ce même jour des interviews de certaines victimes francophones de la brutalité des marins; les idées antimilitaristes de ces victimes étaient évidentes. Le fait que la plupart des marins étaient anglophones était également dûment noté. (23) Mais dans l’ensemble, les comptes-rendus de presse rédigés dans les deux langues ne présentaient pas les affrontements comme un exemple clair de discorde linguistique.

Par contre, les journaux de Verdun ont fait un portrait au vitriol de la situation. L’hebdomadaire anglophone de Verdun, The Guardian, approuvait le fait que des militaires se soient posés en justiciers contre les zoot-suiters, ce qui laissait entendre que les tensions linguistiques en étaient pour quelque chose. L’hebdomadaire bilingue de Verdun, Le Messager, était nettement plus favorable aux zooters attaqués, que l’on supposait en majorité francophones. Dans un article rédigé en anglais, Le Messager, s’en prenait aux marins rebelles impliqués dans la mêlée, en affirmant qu’ils «semblaient prêts à s’abaisser jusqu’à utiliser les méthodes de la Gestapo pour imposer leur mode de vie particulier à leurs concitoyens».(24) Il est peu probable que les marins canadiens aient pu être comparés à la Gestapo dans la presse anglophone. The Guardian affirmait que le costume zoot symbolisait «l’insolence, l’esprit réfractaire et la frivolité en temps de guerre». À Verdun, au moins, la question de la langue semblait diviser les opinions quant aux causes et à la signification du conflit entre militaires et zooters.

Certains Verdunois étaient outragés par les bagarres survenues dans leur municipalité. Le révérend Ernest S. Reed, recteur de l’Église anglicane St. John the Divine, qualifia les zoot-suiters de «voyous» et «d’escrocs de la pire espèce».(25) Il préconisait des «mesures plus sévères» à l’endroit de ces jeunes et fit, dans The Guardian, la déclaration suivante:

(Traduction) S’il y a des objecteurs de conscience, qu’ils affichent honnêtement leurs couleurs (…) Mais les jeunes gens qui gagnent de bons salaires dans les industries de guerre et qui passent leur temps libre en s’attaquant aux membres des forces armées rentrent dans une catégorie bien différente (…) Peut-être même de plus sinistres desseins se cachent derrière ces émeutes. Si des groupes se servent des «zoot-suiters» à des fins odieuses, qu’ils soient démasqués. Ceux qui, par leurs enseignements et leurs pratiques, cherchent à dresser les croyances profondes ou les races les unes contre les autres sont des agents de la «cinquième colonne» de la pire espèce.(26)

De toute évidence, le révérend Reed voyait une dimension linguistique dans les affrontements entre militaires et zooters. Il blâmait ces derniers et, par extension, les «desseins» antipatriotiques d’un certain groupe de Canadiens français. À cet égard, la thèse du complot qu’il avançait faisait écho aux conclusions de la commission d’enquête navale.

Dans son témoignage devant la commission d’enquête, le propriétaire du Verdun Dance Pavilion, Rolland David, laissa entendre que l’animosité qui régnait entre marins et zooters était plutôt due à des dissensions d’ordre social et à l’hostilité entre militaires et civils, qu’à des conflits linguistiques. Il souligna, pour appuyer ses dires, qu’il y avait des anglophones et des francophones dans les deux camps. Ses affirmations méritent que l’on s’y arrête. À titre de propriétaire d’une salle de danse, David avait quotidiennement affaire à la jeunesse, il connaissait les divers milieux d’où venaient ses clients, et comprenait les motivations des uns et des autres. Il était sur les lieux, à Verdun, lors des affrontements et, dans sa déposition, il insista bien sur le fait que les problèmes de langue n’avaient rien à y voir. (27)

Les fauteurs de troubles étaient sûrement animés par d’autres motifs. En réponse à une question qui lui fut posée à la Chambre des communes, le 8 juin, le ministre de la Justice, Louis Saint-Laurent, fit observer que ni la GRC ni la police de Montréal ne voyait une dimension «raciale» ou politique aux affrontements. Il parla d’une violence «spasmodique», dépourvue de «mauvais dessein». St-Laurent craignait, toutefois, que certains milieux tenteraient d’attribuer une dimension politique et linguistique aux incidents. Les affrontements, expliqua-t-il, étaient plutôt dus en partie à la rivalité qui existait entre jeunes gens en uniforme et jeunes gens sans uniforme, tous avides de conquérir le cœur des Montréalaises…(28) Peut-être ne faut-il pas chercher plus loin pour expliquer le comportement de groupes de jeunes gens, arborant des «uniformes» différents, qui, l’espace de quelques mois, avaient toujours une bonne raison de s’affronter violemment.

Les bagarres entre zoot-suiters et marins qui sont survenues à Montréal en juin 1944 symbolisaient la dichotomie qui a marqué le Canada pendant la guerre. Qu’on les considère pour ce qu’elles étaient ou pour ce qu’elles semblaient représenter à l’époque, ces bagarres démontrent que tout n’était pas rose dans la région de Montréal entre le quartier général de la Marine et les autorités municipales, entre les militaires et les civils, entre les francophones et les anglophones, et entre les jeunes gens et la société du temps de guerre créée par leurs aînés.

Ces affrontements ne sont pas attribuables à une seule cause. Peut-être comportaient-ils une dimension linguistique et politique, mais ils étaient également révélateurs de toutes sortes d’autres problèmes: le malaise de la jeunesse, la guerre, les rapports difficiles entre civils et militaires, un manque de discipline au commandement naval de Montréal, et l’indifférence de la police de Montréal à l’égard des actes de violence commis par les zooters. Il convient d’examiner ces événements de plus près pour les replacer dans leur contexte en temps de guerre. La première semaine de juin 1944 fut très chaude et humide à Montréal, et bien des jeunes gens étaient montés les uns contre les autres. On était en guerre, et la guerre engendre la violence. Et les gars seront toujours des gars…

Notes

1.Mauricio Mazon, The Zoot-Suit Riots: The Psychology of Symbolic Annihilation, (Austin, Texas: The University of Texas Press, 1984), 6-7.

2.Mazon, dans The Zoot-Suit Riots, p. 6-8, affirme qu’aux États-Unis, la plupart des zoot-suiters étaient plus enclins à rejeter les comportements des adultes que les politiques du gouvernement. Il s’agissait davant-age d’un mouvement social que d’un mouvement politique.

3.La Presse, 29 mai 1944; The Montreal Daily Star, 1 juin 1944. Ces batailles rangées entre militaires en uniforme et zoot-suiters n’étaient pas les premières en Amérique du Nord: en juin 1943, de graves affronte-ments avaient eu lieu à Detroit, Philadelphie et, surtout, en banlieue de Los Angeles.

4.Lors de la Deuxième Guerre mondiale, la marine était très présente dans la région de Montréal et, en juin 1944, plusieurs milliers de marins étaient stationnés dans un rayon de 50 kilomètres de la ville. Un officier naval se souvient qu’à cette époque, «l’uniforme de la marine était monnaie courante dans les rues du centre de Montréal, particulièrement les fins de semaine». Keith Glashan, Montreal’s Navy, (Montréal: polycopié préparé par l’auteur, sans date, 1986?), 56. Glashan ne fait pas mention des bagarres entre militaires et zoot-suiters.

5.Rapport, Commission d’enquête, «Disturbances in Montreal», NCSM Hochelaga, 8 juin 1944, Archives nationales du Canada (ANC), RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423, témoignage de Whittaker.

6.Rapport, Commission d’enquête, «Disturbances in Montreal», NCSM Hochelaga, 8 juin 1944, ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423, témoignage de Whittaker.

7.The Montreal Daily Star, 5 juin 1944; La Presse, 5 juin 1944.

8.Le Messager, 8 juin 1944.

9.The Montreal Daily Star, 5 juin 1944; La Presse, 5 juin 1944. Les bagarres entre militaires et zoot-suiters survenues à Montréal sont mentionnées dans William Weintraub, City Unique, (Toronto: McClelland and Stewart, 1996), 50-52.

10.The Montreal Daily Star, 5 juin 1944; The Gazette (Montréal), 5 juin 1944.

11.The Montreal Daily Star, 5 juin 1944; La Presse, 5 juin 1944. La suspension des permissions fut levée le 13 juin.

12.Aux yeux des Canadiens francophones, la Marine royale canadienne était réputée, à juste titre, pour être une institution purement anglophone, ou presque. Bien que le sort réservé aux francophones en service de la MRC se soit amélioré au cours de la guerre, on peut raisonnablement affirmer qu’ils n’étaient pas toujours bien acceuillis, et que les rapports entre la Marine et la population francophone de Montréal étaient plutôt distan-ts. Pour plus de précisions là-dessus, voir Jean-Yves Gravel, dir., Le Québec et la guerre, (Montréal: Boréal Express, 1974), 93-95. Voir aussi le portrait plus optimiste de la situation des francophones en service dans la Marine, dans Glashan, Montreal’s Navy, 66.

13.Rapport, Commission d’enquête, «Disturbances in Montreal», NCSM Hochelaga, 8 juin 1944, ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423.

14.L’artilleur R.I. Rowe à la Ville de Verdun, 14 septembre 1944, Boîte A-348, Archives de la Ville de Verdun.

15.Journal de guerre, juin 1944, Commandement de la Marine, Montréal, au commandant en chef, Atlantique nord-ouest canadien, 10 juillet 1944, ANC, RG 24, volume 11,690, dossier M-12 «Returns and Reports».

16.Rapport, Commission d’enquête, «Disturbances in Montreal», NCSM Hochelaga, 8 juin 1944, ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423.

17.Commander-in-Chief, Northwest Atlantic, Staff Minute Sheets, 14 juin 1944 et 23 juillet 1944, ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423.

18.Dès 1942, par exemple, les autorités navales de Halifax ont, pour ainsi dire, cesser d’assurer la discipline chez les permissionnaires à terre. Voir James F.E. Whyte, «The Ajax Affair: Citizens and Sailors in Wartime Halifax, 1939-1945», thèse de maîtrise, Dalhousie University, 1984, 95-101 et passim.

19.Note de service de Jeffrey au Commandement de la Marine, Montréal, non datée (peut-être du 19 juin 1944), ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423.

20.The Gazette, 7 juin 1944; La Presse, 6 juin 1944. L’administration municipale de Verdun, tout aussi préoccupée par la violence qui régnait sur leur territoire, pressa Ottawa et les autorités navales de Montréal d’empêcher les hommes placés sous leur commandement d’utiliser Verdun comme un champ de bataille pour leur guerre privée contre les zooters. Le maire de Verdun, Edward Wilson, furieux contre la Marine, eut une rencontre avec le commandant Davis, qui lui promit que des mes-ures seraient prises pour éviter que des incidents de ce genre ne se reproduisent à l’avenir.

21.En 1943, une élève de 11e année du Verdun High School écrivit une brève conversation imaginaire (en anglais phonétique teinté d’accent français) illustrant l’engouement pour le style zoot, qui laissait clairement entendre que le zooter type était francophone. Ruth Wolstein, «L’habit zoot», dans le Verdun High School Annual, 1943, 33.

22.Rapport, Commission d’enquête, «Disturbances in Montreal», NCSM Hochelaga, 8 juin 1944, ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423.

23.Les noms de famille, énumérés dans La Presse, des 32 marins qui ont comparu devant le Recorder le 5 juin indiquent que 29 d’entre eux étaient probablement anglophones (dont au moins 4 n’étaient pas d’origine britannique) et 3 étaient francophones. La Presse, 5 juin et 8 juin 1944; Le Devoir, 5 juin 1944.

24.The Guardian (Verdun), 8 juin 1944; Le Messager (Verdun), 8 juin 1944. En 1941 58% des verdunois était anglophone.

25.The Guardian, 8 juin 1944.

26.The Guardian, 15 juin 1944.

27.Rapport, Commission d’enquête, «Disturbances in Montreal», NCSM Hochelaga, 8 juin 1944, ANC, RG 24, volume 11,110, dossier 55-2-1/423, témoignage David.

28.Chambre des communes, Débats, 8 juin 1944, volume IV, 3617-3618; William Weintraub, City Unique, 51, a récemment avancé la même théorie.
 
 
 

Serge Marc Durflinger
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