Au fil des semaines, des mois, des ouvrages retiennent notre attention. Suggestions de lecture pour l’automne qui s’installe.
Micheal E. Haskew, Les Armes de la Seconde Guerre mondiale. Avions, blindés, canons et missiles, navires, armes individuelles, Paris, Acropole, 2013
Les armes conçues et employées durant la Seconde Guerre mondiale ont été terriblement efficaces. Le conflit a été marqué par une spécialisation de plus en plus poussée des armements et de leur technologie. On connaissait le char, l’avion et le sous-marin. Leur efficacité s’est accrue de manière spectaculaire durant la guerre. Des armes nouvelles firent leur apparition. Cela a évidemment eu un impact considérable sur les manière de donner la mort sur le champ de bataille et sur les combattants qui ont imposé et subi cette violence.
Les Armes de la Seconde Guerre mondiale, pour ceux que cela intéresse, présente en détails et compare plus de 500 armes et équipements militaires, des canons et missiles aux avions, des blindés aux navires sans oublier les armes individuelles. Classés en cinq chapitres, les armes sont présentées à l’aide de tableaux, infographies, dessins et diagrammes en couleurs qui permettent de visualiser leurs performances comparées. Une encyclopédie visuelle pour les passionnés de l’armement.
Randall Hansen, Foudre et dévastation. Les bombardements alliés sur l’Allemagne 1942-1945, traduit de l’anglais par Catherine Ego, Québec, Presses de l’Université Laval, 2012
Cet ouvrage est paru au printemps. Il mérite qu’on y revienne. Le bombardement systématique de l’Allemagne par les Alliés durant la Seconde Guerre mondiale constitue un fait unique dans l’Histoire. Dès mai 1945, une polémique éclata, et fait encore rage, quant au bien-fondé stratégique et morale de cette campagne délibérée d’anéantissement à laquelle participèrent des milliers d’aviateurs canadiens. Où trace-t-on la frontière entre guerre et massacre?
Si cette question n’est pas nouvelle, l’historien allemand Jörg Friedrich l’a abordée de convaincante manière dans son essai L’Incendie (Éditions de Fallois, 2004), il est nouveau d’y répondre par un compte rendu exhaustif des campagnes alliées de bombardements sur l’Europe.
Randall Hansen, professeur de science politique à l’Université de Toronto, conclut sa rigoureuse et nuancée contribution au débat en insistant sur un point central: « Qu’ils puissent ou non être considérés comme des crimes de guerre, les bombardements sur zone ont échoué du point de vue moral autant que stratégique, et cette conclusion ne peut pas être tenue dans l’ombre sous le prétexte qu’elle risquerait d’apporter de l’eau au moulin de l’extrême droite ou de faire insulte aux équipages de la Royal Air Force et de l’Aviation royale du Canada». Saisissant.
Benjamin B. Ferencz, Mémoires de Ben. Procureur à Nuremberg et avocat de la paix mondiale, traduit de l’anglais (États-Unis) par Cécile Nelson, texte établi en collaboration avec Olivier Beauvallet, Paris, Michalon Éditeur, 2012
Né sous une bonne étoile en 1920 dans un village reculé de Roumanie, Benjamin Ferencz, qui émigre aux États-Unis en 1921, incarne le miracle américain. De la misère des trottoirs où règnent les gangs de New York à l’université de Harvard où il obtiendra son diplôme de juriste, il n’aura de cesse de lutter contre l’injustice et l’adversité.
Homme de conviction et de devoir, il s’engage dans l’armée américaine et sert sous les ordres du général Patton. Il débarquera à Omaha Beach, fera la campagne de France et celle des Ardennes, contribuera à la libération de certains camps de concentration nazis avant d’atteindre le « Nid d’Aigle ».
À vingt-sept ans, il est nommé procureur en chef à Nuremberg et dirige les charges contre les chefs des Einsatzgruppen, ces unités mobiles affectées au meurtre de masse sur le front oriental. Il découvre leurs archives secrètes à Berlin et poursuit 24 généraux et officiers supérieurs dans le cadre de ce qui deviendra le « procès du plus grand meurtre de l’Histoire ».
Tour à tour grave, amusé ou indigné, d’une plume toujours alerte, Benjamin Ferencz rassemble les souvenirs d’une vie passée à se battre contre l’agression guerrière, aux côtés d’hommes comme René Cassin ou Rafael Lemkin. Il lève le voile sur cette deuxième moitié du XXe siècle où la justice a bien failli s’éteindre dans l’indifférence de la Guerre froide. À travers ce texte unique, à la fois plein d’humour et de générosité, Ferencz revient sur l’histoire du droit international depuis la Seconde Guerre mondiale jusqu’à la création de la CPI, dont il sera, avec d’autres, à l’origine. Il s’adresse à tous, et plus particulièrement à la jeune génération, à laquelle il lance un vibrant plaidoyer : Pourquoi la guerre puisque « le seul vainqueur de la Guerre est la Mort » ?
Stéphane Audoin-Rouzeau et Jean-Jacques Becker, Encyclopédie de la Grande Guerre, Nouv. éd. revue et augmentée, Paris, Perrin, « coll. Tempus », 2013
Initialement parue chez Bayard en 2004, cette contribution originale à l’analyse des dimensions politique, militaire, stratégique, économique, religieuse et culturelle de la Première Guerre mondiale met en lumière une « culture de guerre » qui a façonné l’Europe contemporaine.
Fruit d’un travail collectif de plusieurs années, elle rassemble des articles signés notamment par Gerd Krumeich, John Horne, Jay Winter, Christophe Prochasson, Nicolas Werth et Annette Becker. Son ambition est de couvrir tous les aspects de la guerre (militaire, politique, économique, social, technique, religieux, artistique, et plus largement culturel) afin de donner au lecteur une compréhension exhaustive de ce cataclysme qui a constitué la matrice du XXe siècle. Original et incontournable.
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