Le 5 juillet 1917, La Presse interviewait le lieutenant aviateur Paul Gadbois, du Service d’aviation de la Marine britannique, tout comme le lieutenant (et futur capitaine de groupe) Marcel Dubuc, frère du lieutenant-colonel Arthur Dubuc du 22e Bataillon canadien-français.

« Notre tâche à nous, aviateurs de la Marine, expliquait Gadbois, consiste à protéger la flotte britannique et les côtés de l’Angleterre. Nous volons indifféremment, selon les besoins, sur des hydroplanes ou sur des avions ordinaires. La discipline ne me permet pas de vous donner des renseignements sur notre travail, mais je puis vous assurer qu’il est à la fois difficile et dangereux ».

En congé de convalescence à Montréal pour récupérer de blessures à la tête, Gadbois ajouta que les atterrissages étaient dangereux de nuit, soit sur la Mer du Nord, qui est très mauvaise, soit sur les rives. Gadbois lui-même avait été recueilli, une nuit, par un contre-torpilleur après avoir passé de longs moments à la merci des flots.

Quant à Marcel Camille Dubuc, il avait interrompu ses études à l’Université McGill pour s’enrôler, en 1915, dans le Royal Naval Air Service. Il apprit à piloter sur un biplan Wright à l’école de la famille Stinson, à San Antonio au Texas. Son instructeur fut la célèbre aviatrice Marjorie Stinson et le coût de la formation s’élevait à un dollar la minute, plus un dépôt en cas de dommage à l’avion.

Complétant son entraînement en un temps record de 3 heures et quarante minutes, Dubuc décrocha le 18 décembre 1915 le brevet 377 de l’Aero Club of America. Il figure au nombre des 119 aviateurs formés au sein de l’organisation des frères Wright.

Revenu à Ottawa avec le grade de sous-lieutenant, Dubuc fut transféré en Angleterre pour poursuivre son entraînement à la base navale de Windermere. Spécialisé dans le pilotage d’hydravions, il fut un des premiers pilotes à servir sur le porte-hydravions H.M.S. Engadine et le porte-avions H.M.S. Campania, premier véritable porte-avions opérationnel de l’histoire de la Marine militaire.

Marcel C. Dubuc

Marcel C. Dubuc

Durant la Seconde Guerre mondiale, Dubuc commanda à tour de rôle les centres d’entraînement de Montréal, Saskatoon, Brantford et Saint-Hubert. Le 10 février 1944, pilotant toujours, trente ans après l’obtention de son brevet, il se blessa en faisant un atterrissage forcé à l’aéroport de Saint-Hubert. Il prit sa retraite avec le grade de group captain (colonel d’aviation).

Un troisième aviateur, Hubert Dupuis, servit également comme lieutenant-pilote au sein de la Marine britannique en même temps que Gadbois et Dubuc.

Pierre Vennat