L’an prochain marquera le 70e anniversaire du « Jour J » et de la Campagne de Normandie. On en a beaucoup parlé et on en parlera encore beaucoup sur ce blogue et son forum.
Mais il ne faudrait pas oublier que 2014 marquera aussi le début de la Première Guerre mondiale, cet affreux carnage qu’on commémore le 11 novembre en tâchant de se rappeler que le 11 novembre 1918, lorsque les canons s’arrêtèrent enfin, des millions de gens avaient presque hurlé ce vœu malheureusement demeuré utopique : « Plus jamais la guerre! »
Cette guerre, des millions d’hommes l’avaient vécue. Parmi lesquels des centaines de Québécois de chez nous, membres du 22e Bataillon canadien-français. Des centaines d’ouvrages racontent cette guerre. Un grand nombre aussi, en Europe et au Canada anglais, portent non sur la stratégie, non sur les grands chefs, non sur le récit des batailles, mais sur le vécu des hommes dans les tranchées. Des êtres humains qu’on a tendance à oublier.
Au Québec, ces récits étaient plus rares. Non pas tant à cause de l’analphabétisme prétendu des Canadiens français de cette époque. Bien sûr, les vétérans de 1914, comme ceux de toutes les guerres, ne sont souvent bavards qu’entre eux, estimant que seuls ceux qui ont vécu ces terribles expériences peuvent les comprendre.
Mais plusieurs, dans des lettres, dans des souvenirs racontés à leur famille, dans des calepins et des journaux personnels ont raconté cette histoire « des militaires » à côté de la grande « histoire militaire officielle ».
J’avais moi-même déblayé le terrain dans les deux tomes de mes « Poilus québécois de la Première Guerre mondiale », à la fin des années 1990.
Michel Litalien, historien chevronné, actuellement directeur de tous les musées militaires canadiens à la Direction Histoire et Patrimoine du ministère de la Défense nationale, à Ottawa, a fait mieux encore.
Depuis quelques années, il s’efforce de trouver et de publier les journaux personnels et la correspondance de ces militaires de chez nous, que l’on trouve quelques fois dans des archives familiales et que les éditeurs jusqu’ici n’avaient jamais pris le risque de publier jusqu’à ce qu’Andrée Laprise et sa maison Athéna Éditions décident de le faire et deviennent le principal promoteur de la diffusion de l’histoire militaire au Québec.
Michel Litalien avait déjà publié Dans la tourmente. Deux hôpitaux militaires canadiens-français dans la France en guerre (1915-1919), Écrire sa guerre. Témoignages de soldats canadiens-français 1914-1919 ; Les tranchées : Le Quotidien de la guerre 1914-1918, magnifique album enrichi de photos trouvées par Stéphane Thibault, autre passionné d’histoire militaire; et enfin édité un premier journal de guerre, Mon journal France-Belgique (1915-1916) de C.U. Francoeur.
Cette fois, samedi le 6 avril, à la Citadelle de Québec, Michel Litalien a lancé un autre journal qu’il a trouvé grâce aux fils du vétéran Honoré-Édouard Légaré, héros de Courcelette (où il s’était mérité la Croix Militaire (M.C.), intitulé Ce que j’ai vu…Ce que j’ai vécu 1914-1916. Pour qu’à la veille, l’an prochain, du centenaire de la fondation du Royal 22e Régiment, les fameux « VanDoos », on se souvienne de ces hommes de chez nous, qui sont allés combattre et souvent mourir dans les tranchées de France et de Belgique, il y a un siècle.
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