Par Christèle Bouché
Le Courrier picard
Rien d’uniforme dans le parcours d’Hervé François, qui souhaite utiliser ses expériences pour ouvrir le musée de la Grande Guerre à l’international mais aussi aux habitants de Haute-Somme.
Hervé François, 48 ans, revient à ses premières amours en prenant la tête du musée péronnais. Ancien étudiant en histoire, son parcours l’a notamment mené en Israël et aux Pays-Bas.
Portrait
Je boucle une boucle. » Hervé François a le sourire de l’homme serein, de l’homme qui a préféré construire son parcours professionnel en «suivant ses intuitions » plutôt que des opportunités de carrière. Et qui sait apprécier les petits clins d’œil de l’existence. «Quand j’étais étudiant, j’ai voulu faire un doctorat sur la Grande Guerre. Mais c’était à l’époque du service militaire, et on m’a proposé de partir en Israël… »
A 25 ans, le voilà donc à la tête d’un centre culturel. «Je devais rester deux ans, je suis resté six ans », pas de fierté dans cette phrase mais beaucoup d’amusement.
Puis il rentre en Europe, direction les Pays-Bas. Et puis ce sera la Flandre, «un des deux pays de Belgique », et enfin Dunkerque. L’Historial de Péronne, c’est encore un petit clin d’œil, une offre d’emploi qui arrive par mail et pour laquelle il se dit «pourquoi pas ? » en février dernier.
Et le voilà, à 48 ans, qui prend la direction de l’Historial en ce début mai.
«J’ai toujours été attiré par l’histoire contemporaine. Le XXe siècle commence en 1914 ! C’est le tournant de l’Europe, la fin des monarchies, la libération de la femme. C’est le chamboulement des sociétés et des mœurs, une période tournante et charnière », s’enthousiasme-t-il.
Toutes ces expériences, ces passions, ces découvertes, il va les mettre à profit pour donner de nouvelles impulsions au musée péronnais. Et il se donne du temps pour cela.
1 LA DIMENSION INTERNATIONALE
«L’Historial a été un musée en pointe, il y a vingt ans, avec une mise en regard sociétale entre la France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne assez révolutionnaire. Il a aussi des collections très riches », recense le directeur.
Ça, c’est le socle sur lequel il souhaite s’appuyer pour «développer des partenariats nationaux et internationaux. Prenez par exemple Ypres, en Belgique. Il y a des choses à faire avec eux. »
Avec les Britanniques, aussi. Et le tout sans oublier «de s’inscrire dans les événements du centenaire. Il n’y a pas que 2014, d’ailleurs, mais aussi 2016 et 2018. Il faut aussi penser à l’après 18, voir plus loin. Avoir des projets culturels, développer de nouveaux médias … »
2 LA DIMENSION PÉDAGOGIQUE
Hervé François veut «garder l’attention du jeune public ». «Les fiches pédagogiques de l’Historial servent à des enseignants partout en France, et même plus loin. Il y a une très grande qualité du travail du service pédagogique. C’est une vraie valeur ajoutée qui pourrait servir pour des échanges européens. À apporter des regards différents qui s’acceptent dans la durée, hors des temps particuliers des commémorations », détaille-t-il.
Ces échanges et cet intérêt peuvent être portés par de nouveaux moyens technologiques. Par exemple par des tablettes numériques pour visiter le musée, afin de s’adapter au mode de fonctionnement des jeunes générations. «Et des autres aussi, car il n’y a pas que les jeunes qui apprécient les tablettes… »
3 LA DIMENSION PICARDE
Pour faire venir les Péronnais, et plus largement les Picards au musée, Hervé François a plusieurs idées. Comme de lancer des «soirées contes ou musicales. De travailler autour de l’art de la parole, du récit : la Belle Époque, les petits métiers… Des tranches de vie, avec lesquelles on atteint finalement une dimension universelle. Il faut revenir à cette proximité-là. On est dans l’excellence avec le centre de recherche, il faut savoir être ouvert aussi dans la diversité. C’est notre boulot aussi d’amener les gens d’ici. »
Les premières touches de ce programme seront visibles dès septembre, avec les 20 ans de l’Historial.
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