Le centenaire de l’entrée dans la Grande Guerre, en 2014, se fait encore sentir avec la parution de quelques ouvrages consacrés à ce thème, dans une perspective québécoise. Les Presses de l’Université Laval et Septentrion nous en présentent quelques-uns.
Le Québec dans la grande Guerre. Engagements, refus, héritages.
Charles-Philippe Courtois et Laurent Veyssière
Septentrion
Lorsque le 4 août 1914, la Grande-Bretagne déclare la guerre à l’Allemagne, le Canada se trouve également de facto en état de guerre. Contrairement au reste de l’Europe, l’Empire britannique ne peut compter sur une mobilisation générale lui permettant d’engager au front une armée nombreuse, et s’en remet au volontariat, d’abord en Grande-Bretagne, puis rapidement dans ses dominions. Le 20 octobre, un regroupement d’hommes politiques, de religieux et d’hommes d’affaires canadiens français obtient du gouvernement la création d’un bataillon canadien français.
Dès 1916, le recrutement volontaire s’essouffle alors que les pertes au front exigent des enrôlements toujours plus importants. En août 1917, une loi sur le service militaire obligatoire est adoptée, avivant un peu plus les tensions entre les différentes communautés dans le pays. Sous la forte influence d’un pacifisme chrétien, l’élite canadienne française affirme son opposition à la conscription, rapidement rejointe par l’ensemble de la population. Des manifestations à Montréal puis à Québec dégénèrent et vont marquer durablement la mémoire québécoise en éclipsant l’engagement des Canadiens Français.
Les conséquences de la Grande Guerre sur la société québécoise sont profondes et durables. Pacifisme et indépendantisme sont deux héritages qui alimentent un antimilitarisme associé historiquement au fait britannique depuis la Conquête.
La Grande Guerre de Paul Caron. Chroniques d’un légionnaire canadien-français (1914-1917)
Édité et commenté par Béatrice Richard
Presses de l’Université Laval
Les Canadiens français qui ont combattu dans les tranchées de 1914-1918 ont laissé une faible empreinte dans la mémoire collective. À l’exception de lettres éparses publiées dans les journaux de l’époque ou de rares témoignages de vétérans publiés après la Grande Guerre, ces hommes se sont peu racontés.
C’est ce qui donne au récit de Paul Caron son caractère unique. Dès l’été 1914, l’obscur employé du Devoir s’enrôle à titre personnel dans la Légion étrangère pour être ensuite versé dans les rangs de l’Armée française. Trente-deux mois durant, Paul Caron partage cette aventure singulière avec les lecteurs du Devoir et du Peuple de Montmagny dans les chroniques que le lecteur découvrira dans ces pages. Cet étrange journal de guerre d’un ultramontain en croisade est-il le reflet des opinions d’un Canada français qui peine à se situer dans le conflit ?
D’une plume alerte, jusqu’à sa fin héroïque lors de l’offensive du Chemin des Dames, le 16 avril 1917, le légionnaire livre ses impressions de soldat face à la » guerre moderne » et croque la vie quotidienne d’un peuple qui, de la ligne de feu à l’arrière, lutte et prie pour sa survie.
Combattre avec les vivres : L’effort de guerre alimentaire canadien en 1914-1918
Mourad Djebabla
Septentrion
Durant la Grande Guerre de 1914-1918, le Canada, alors dominion de l’Empire britannique, participe à l’effort de guerre allié par l’envoi d’hommes et de munitions outre-mer. Si ce fait est connu, il en est un autre qui demeure oublié.
Les Canadiens contribuent aussi à fournir à la Grande-Bretagne, aux prises avec les conséquences de la guerre sous-marine allemande, des vivres, indispensables à ses civils et à ses combattants. Au Canada, cet effort de guerre alimentaire se traduit par la mobilisation des producteurs dans les campagnes et l’encadrement des consommateurs en milieu urbain : produire plus et consommer moins est le mot d’ordre afin d’augmenter les exportations de denrées.
Le gouvernement fédéral et les provinces veillent à mener à bien cet aspect du soutien à la métropole en encadrant, en mobilisant et en incitant les producteurs et les consommateurs non combattants à faire leur devoir depuis le Canada: combattre l’ennemi avec les vivres.