Par Pierre Vennat
Texte inédit
Je reviens de Kingston, où se tenait les 4 et 5 mars 2010, un colloque international en histoire militaire, organisé par le Département d’histoire du Collège militaire royal (CMR) sous le thème La Guerre : catalyseur de changements sociaux au Canada.
Pendant quinze ans, de 1994 à 2008, les passionnés d’histoire militaire ont pu assister à un colloque annuel qui, non seulement leur permettait de prendre connaissance d’exposés intéressants, mais également de se rencontrer, de faire connaissance pour certains, et de s’encourager mutuellement à poursuivre leurs travaux pour favoriser une meilleure connaissance et la diffusion de notre passé militaire. Le tout en français.
Ces colloques ont remporté un vif succès grâce à la collaboration de l’Université du Québec à Montréal et de sa chaire Hector-Fabre d’histoire du Québec, de la Direction-Histoire et Patrimoine de la Défense nationale et du Collège militaire royal de Kingston.
Mourad Djababla en a d’ailleurs raconté l’histoiresur ce blogue. Malheureusement, la Chaire Hector-Fabre n’existe plus et Mourad Djababla, bien que conférencier à Kingston cette année, est passé armes et bagages à l’Université McGill où il est chargé de cours. Si bien que personne, en 2009, ne fut en mesure d’organiser le colloque pourtant annuel pendant les quinze dernières années.
Aussi aurait-on été en droit de s’attendre à ce que le colloque des 4 et 5 mars derniers au Collège militaire sous le thème de La Guerre : catalyseur de changements sociaux au Canada, attire une assistance nombreuse de chercheurs et d’étudiants francophones, intéressés à notre histoire militaire.
Malheureusement, malgré un comité organisateur formé de Jean Lamarre, Magali Deleuze et Roch Legault, trois historiens militaires de Kingston dont la réputation n’est pas à faire, assistés d’élèves-officiers du CMR, dirigés par Jessica Bélanger, efficaces et compétents, malgré surtout la qualité des panelistes et conférenciers et des exposés intéressants, l’assistance n’était pas au rendez-vous.
Bref, aucun étudiant des universités québécoises, aucun autre participant, pour ainsi dire que les panelistes, conférenciers, présidents de séance, mon épouse et moi-même.
Dommage, fort dommage.
Est-ce le fait que le colloque se tenait en Ontario? Pourtant des colloques antérieurs tenus au CMR, y compris le congrès de l’Institut d’histoire de l’Amérique française il y a deux ans, avaient réuni une assistance nombreuse. Querelles d’ego, de clocher?
On comprendra que je préfère ne pas m’aventurer sur ce terrain miné et saluer plutôt le mérite des organisateurs du colloque du CMR, qui ont su reprendre le flambeau alors qu’il était à terre et tenir un colloque intéressant. En espérant que les communications pourront être publiées dans des actes ou des revues accessibles à tous. Ou encore sur ce blogue.
Que réserve l’avenir?
Jean Lamarre nous a confié que le CMR ne peut prendre la responsabilité d’organiser un tel événement tous les ans. Faute de financement adéquat. Ce qui pourrait bien être le cas des autres institutions également.
Mais cela veut-il dire que nous devons nous croiser les bras? Serait-il possible d’organiser un colloque d’une seule journée à Montréal, sans conférencier venu de l’étranger? L’événement donnerait la parole aux chercheurs, universitaires ou non, de la région métropolitaine. Ces derniers n’auraient donc pas de frais de déplacement ou d’hébergement à débourser. Ne resterait qu’à trouver un local. Une université, un cégep ou la Maison Duvernay pourrait très bien faire l’affaire. Et l’Université Laval, qui a fourni cette année pas moins de trois intéressants conférenciers, ne pourrait-elle pas organiser un tel événement, avec seulement des conférenciers d’ici afin de limiter les dépenses?
Il me semble que lesdits conférenciers pourraient présenter leur causerie bénévolement, quitte à ce qu’on les loge gratuitement dans une résidence d’étudiants ou ailleurs. La chose devrait être possible sans générer grands frais.
Et tant mieux si le consulat de France ou des États-Unis, ou encore les gouvernements québécois et fédéral permettent de faire venir un ou des conférenciers de l’étranger. Mais cela ne me semble pas essentiel.
C’est mon souhait. Il serait dommage que personne ne veuille reprendre le flambeau.
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