Ceux qui me connaissent savent que je suis collectionneur de véhicules antiques de la Seconde Guerre mondiale. Ma collection n’est pas aussi vaste que certains richissimes collectionneurs d’Europe et des USA mais je suis tout de même fier de posséder une Willys MB datant de mars 1945 et un camion Chevrolet prévu au transport de troupes et datant de mai 1942.

Ma formation d’ingénieur n’étant pas celle de l’historien, j’ai néanmoins trouvé dans la collection de ces véhicules une manière d’occuper mes loisirs en me plongeant dans une activité où se rejoignent l’histoire et l’ingénierie d’une autre époque. La plus belle part des deux mondes en somme.

Ma Willys MB de mars 1945.

Ma Willys MB de mars 1945.

Au Québec, le nombre de collectionneurs reconnus de véhicules antiques d’origine militaire se chiffre aux alentours d’une cinquantaine mais nous savons qu’il existe aussi des gens qui possèdent ce genre de véhicules sans pouvoir les identifier ni même savoir si le fait d’en posséder est accompagné du désir de mieux connaître l’histoire militaire contemporaine et du siècle dernier.

Toute sympathique soit-elle en surface, la collection de ce genre de véhicules n’est pas sans être associée à un mouvement plus vaste où tous les artéfacts militaires sont collectionnés par des gens très sérieux et des organismes autant publics que privés. Tout comme la collection de grandes œuvres du passé, la recherche de l’authenticité est de mise mais elle n’est possible qu’après des années de recherches et de documentation.

Le fait de posséder des artéfacts militaires, notamment les uniformes, a amené au fil des ans une dimension nouvelle à l’exercice de la collection et qui est celle de vouloir recréer les évènements du passé en mettant sur pied de vastes reconstitutions historiques. À ce chapitre, il suffit de mentionner celles de la bataille de Waterloo en Belgique et de Gettysburg en Pennsylvanie où les moyens mis en œuvre pour les rendre authentiques sont impressionnants.

N’arrivent pas là ceux qui arborent des approximations d’équipements, d’armes et d’uniformes et ils sont retournés manu militari à refaire leurs devoirs pour y participer pleinement. Ces reconstitutions méritent d’être vues, sinon vécues au moins un fois par tous ceux qui s’intéressent à l’histoire militaire.

Ici au Québec, il existe plusieurs groupes de reconstitutions qui s’intéressent à différentes époques militaires allant de celles de la colonisation jusqu’aux grands conflits du siècle dernier. La Seconde Guerre mondiale est un terreau fertile pour la reconstitution et il suffit de se rendre en Normandie lors des commémorations du Débarquement du 6 juin 1944 pour s’en convaincre.

Mon Chevrolet G506 de mai 1942.

Mon Chevrolet G506 de mai 1942.

Dans un contexte de collectionneur, vouloir se plonger dans les époques militaires anciennes, de la Première et Seconde Guerre mondiale, de la Guerre de Corée, celle du Vietnam ou autres conflits plus contemporains en se prêtant au jeu de la reconstitution, va souvent de pair à la collection.

C’est le cas lorsque des centaines, voire des milliers de collectionneurs, se retrouvent en Normandie tous rassemblés sur des sites de reconstitutions où l’environnement immédiat des plages du Débarquement donne l’impression d’être revenu au cœur même de la Seconde Guerre mondiale. Tous se prêtent volontiers à ce jeu de partager cette passion en voulant recréer certains aspects d’un événement passé, d’un régiment ayant pris part au Débarquement ou d’un mode de vie précis en s’appuyant sur des éléments matériels reproduisant fidèlement ceux de la période concernée. Les réalisateurs de films et documentaires l’ont bien vu et compris et nous en remercient d’ailleurs.

Mais il y a des balises à respecter et il faut connaître la frontière entre le désir raisonnable de reconstitution militaire et l’exaltation qu’amène une vision poétique aux relents nostalgiques de la guerre. L’écueil est là et tranchant comme le fil d’une lame de rasoir.

Le mois prochain, je vous proposerai le second volet de cet article et disserterai sur ces écueils auxquels doivent faire faces ceux qui s’adonnent à la collection et à la reconstitution militaire dans un contexte d’activités sociales et récréatives.

Guy Bordeleau
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