Certaines informations en provenance de Normandie mettent à mal la longue tradition de reconnaissance à l’égard du sacrifice des troupes canadiennes, débarquées le 6 juin 1944 afin de libérer la France du joug nazi.

À un an du 70e anniversaire du Débarquement en Normandie, l’initiative de six offices de tourisme normands laisse songeur. Celles-ci viennent en effet de créer une nouvelle étiquette, le Secteur mythique des plages du Débarquement, afin d’optimiser les retombées économiques des commémorations prévues à l’été 2014 et de soutenir l’organisation d’un très français « D-Day Festival Normandy »…

Le territoire couvert par cette étiquette s’étend de Sainte-Mère-Église (Manche) jusqu’à Courseulles-sur-Mer (Calvados). Ce périmètre correspond donc aux plages connues sous les noms de code UTAH, OMAHA et GOLD, de même qu’à la portion ouest de JUNO.

Les Britanniques s’indigneront à bon droit que tout le secteur contenu entre Ouistreham et Saint-Aubin-sur-Mer, connu sous le nom de code SWORD, ait été ignoré. Les exploits des troupes britanniques, notamment lors de la fameuse prise du Pegasus Bridge, et ceux du commando français du commandant Kieffer, méritent pourtant mieux.  

Or, une part importante de l’expérience historique des troupes canadiennes est également balayée sous le tapis par ce découpage arbitraire qui sacrifie l’Histoire sur l’autel de la sacro-sainte rentabilité. Car en plaçant la limite est de leur « secteur mythique » à Courseulles-sur-Mer, ces offices de tourisme ont aussi choisi d’ignorer le secteur de Bernières-sur-Mer, où débarquèrent les Queens Own Rifles, le North Shore Regiment puis, quelques heures plus tard, le Régiment de la Chaudière. Celui-ci, originaire de la Beauce et commandé par le lieutenant-colonel Paul Mathieu, fut la seule unité canadienne-française à prendre part aux opérations du 6 juin.

L’initiative des six offices de tourisme d’exclure de leur étiquette Secteur mythique la plage SWORD et une partie du secteur de JUNO représente un affront à l’histoire canadienne et québécoise, de même qu’à la mémoire de nos combattants.

Nous sommes sans mot devant une telle confusion entre activité touristique et devoir de mémoire. Oublier les hommes débarqués entre autres devant Bernières-sur-Mer et Saint-Aubin-sur-Mer, c’est gommer une partie de l’histoire du Débarquement, marquée par le sang, la peur et le courage des engagés volontaires de chez nous.

Les instigateurs de cette malhabile et malencontreuse initiative s’inscrivent à contre-courant de l’accueil chaleureux et ému que réservent les Normands aux Canadiens, depuis bientôt presque 70 ans. L’authenticité historique et le respect des combattants qui ont versé leur sang pour libérer la France commandent la révision immédiate de cette initiative, au-delà des considérations mercantiles et des modes hollywoodiennes.

Nous avons créé, à cet effet, une pétition que nous vous invitons à signer et à partager : www.change.org/fr/pétitions/pour-le-respect-du-sacrifice-des-militaires-canadiens-lors-du-débarquement-du-6-juin-1944

Sébastien Vincent
Fondateur et éditeur

Frédéric Smith
Coéditeur et webmestre