Pierre Vennat
Texte inédit

 

Lorsque le capitaine Pierre Meunier fut parachuté en France pour prendre contact avec la Résistance française afin de lui fournir les armes nécessaires pour aider l’avance des Alliés et lui enseigner leur maniement, c’était pour lui un retour aux sources, puisqu’il était, en effet, né en France.

 

Pierre Meunier avait alors 27 ans et comptait déjà dix ans d’ancienneté dans les Forces armées canadiennes. Il s’était enrôlé à 16 ans dans les Canadian Grenadiers Guards. Son père, Henri Meunier, journaliste à La Presse, avait servi en France avec l’armée canadienne durant la Première Guerre mondiale, y avait épousé une Parisienne d’origine alsacienne, laquelle avait accouché de Meunier en sol français avant de rejoindre son époux au Canada.

 

Après avoir servi dans les Canadian Grenadiers Guards, Meunier fut versé aux Fusiliers Mont-Royal au début de la Seconde Guerre mondiale. C’est en tant que membre de ce régiment qu’il a traversé outremer. Passé aux services spéciaux, il fut parachuté non pas une, mais deux fois en France occupée.

 

Sa première descente se déroula sans problème et fut couronnée de succès. Il eut vite fait de se mettre en contact avec les forces de la Résistance. Des généraux lui demandèrent, comme à d’autres officiers canadiens parachutés derrière les lignes, des conseils sur leurs plans de bataille. Peu après le débarquement en Normandie, sa mission terminée, le capitaine Meunier retourna en Angleterre.

 

Peu après, on décida à nouveua de le parachuter en France. Cette fois, la sauce faillit se gâter. Le vent l’expédia à huit kilomètres de l’endroit où devait tomber son parachute. De plus, il pleuvait, il faisait noir et Meunier ne savait pas exactement où il se trouvait, ni s’il était tombé en plein milieu des positions allemandes.

 

Marchant au hasard, Meunier frappa à la porte d’une ferme, mais le propriétaire, méfiant, ne voulut pas lui ouvrir. Heureusement, Meunier était porteur d’une lettre du haut commandement allié. Il prit la chance de la montrer au fermier, qui accepta finalement de le laisser entrer chez lui pour la nuit. Il le mit en contact le lendemain avec des représentants des Forces françaises de l’intérieur des environs. Meunier put ainsi rejoindre, bien qu’en retard, son objectif.

 

Au cours de ce deuxième voyage en France occupée, il réussit, avec l’aide de l’ambassadeur de Suisse auprès du gouvernement de Vichy, à convaincre le commandant d’une petite ville française de capituler sans y faire de dommages. Les Allemands ne voulaient pas se rendre aux résistants, qu’ils considéraient comme des « terroristes » mais, apprenant que les maquisards étaient commandés par un officier canadien, ils acceptèrent de déguerpir sans faire le coup de feu.

 

Meunier garda un très bon souvenir de ses séjours en France et des Français de la Résistance. Il se souvint également avec émotion des fleurs présentées par des fillettes, alors qu’il s’était pourtant amené dans leur ville sans s’annoncer.

 

Pierre Vennat