Notre coéditeur Sébastien Vincent a récemment participé à l’excellente émission Aujourd’hui l’histoire, à l’antenne de ICI Radio-Canada Première. Nous reproduisons ici la description de cette émission de même que le lien pour l’entendre.
Montréal, capitale de l’édition durant la Seconde Guerre mondiale
Pendant l’occupation en France, les autorités allemandes ont ralenti l’impression de livres. Montréal est alors devenue une plaque tournante de l’édition francophone. Une dizaine d’éditeurs publiaient des classiques, des ouvrages de grands écrivains français, et faisaient connaître au monde des auteurs canadiens. L’historien Sébastien Vincent raconte à Jacques Beauchamp cette effervescence de l’édition québécoise, qui s’est poursuivie jusqu’en 1946.
L’imprimerie au ralenti en France
Durant la guerre, la production du livre s’effondre en France, passant de 10 000 à 1200 titres par année. Dès l’arrivée des Allemands à Paris, le 14 juin 1940, un système est mis en place pour contrôler tous les secteurs économiques. Dans le domaine de l’édition, la quantité de papier utilisée par les éditeurs est limitée et il y a des réquisitions sur l’encre et le plomb. Les ouvrages sont également censurés, tout livre devant faire l’objet d’une approbation administrative.
Les éditeurs québécois publient pour le monde entier
En quelques mois, les éditeurs québécois ont accès à tout le corpus du livre français qui ne peut pas être publié en France. À Montréal, les maisons d’édition Variétés, Parizeau, Bernard Valiquette et la librairie Beauchemin exportent des livres dans plus de 30 pays. Ils desservent un marché de plus de 10 millions de lecteurs francophones.
Les éditeurs québécois impriment des manuels scolaires, des manuels religieux, des guides pratiques, de la littérature canadienne et des ouvrages français. Ils publient au Québec des auteurs qui ont quitté la France, dont Saint-Exupéry et Georges Bernarnos. De même, ils font connaître à toute la francophonie des auteurs canadiens, comme Anne Hébert, Gabrielle Roy et Roger Lemelin. Ces éditeurs ébranlent le pouvoir clérical par la diffusion de livres de Gide, de Camus ou de Sartre.
Le retour de l’édition en France
Après la guerre, l’arrêté permettant la réimpression d’ouvrages français au Canada vient à échéance 31 janvier 1946. Les maisons d’édition reprennent dès lors leurs activités en France. Comme ils perdent leur marché, les éditeurs québécois se retrouvent avec des surplus de stocks. La majorité des nouvelles maisons d’édition québécoises disparaissent en l’espace de six mois. Dans les années qui suivent, nombre de livres qu’elles ont publiés sont censurés par le clergé.