Fermement déterminés à se battre pour leur pays malgré le fait qu’ils n’étaient pas pleinement reconnus comme des citoyens canadiens, 222 soldats canadiens d’origine japonaise ont surmonté préjugés et obstacles pour s’enrôler et servir le Canada sur le front occidental entre 1916 et 1918.
En 1914, quelques jours après que la Grande-Bretagne et son empire aient déclaré la guerre à l’Allemagne, des membres de la communauté nippo-canadienne se rendent dans les bureaux de recrutement de la Colombie-Britannique et se portent volontaires pour combattre sur le front de l’Europe occidentale. Leur candidature étant refusée au départ par l’Armée canadienne, les volontaires sont réunis en bataillon par la Canadian Japanese Association et suivent une formation professionnelle. Malgré cela, le gouvernement canadien tient compte du sentiment de la population et refuse de mobiliser ces troupes. En joignant les unités d’autres provinces, 222 Canadiens d’origine japonaise combattent l’ennemi avec distinction sur le front occidental, où ils parviennent à surmonter les préjugés et à s’attirer le respect de leurs commandants et des autres soldats. Malheureusement, près du quart d’entre eux tombent au combat et 92 en reviennent avec des blessures.
Privés du droit de vote par les prescriptions de la loi, les soldats canadiens d’origine japonaise qui rentrent au pays rappellent leurs états de service militaires, qui justifient, selon eux, que leur communauté ethnoculturelle marginale obtienne le droit de voter. Tirant parti de leur contribution à l’effort de guerre, ces anciens combattants lancent une campagne populaire concertée en 1920 pour avoir le droit de voter aux élections provinciales, et par le fait même, aux élections fédérales, ce qui est interdit par la loi. Ils poursuivent cette campagne durant les années 1920, tout particulièrement grâce à la filiale no 9 de la Légion canadienne en Colombie Britannique, que les anciens combattants d’origine japonaise forment en 1926. En 1931, l’Assemblée législative de la Colombie-Britannique consent enfin à octroyer le droit de vote aux anciens combattants nippo-canadiens et, 18 ans plus tard, tous les Canadiens d’origine asiatique finissent par obtenir les pleins droits associés à la citoyenneté canadienne. Ces nouveaux électeurs et ceux qui ont suivi peuvent remercier les soldats canadiens d’origine japonaise de la Première Guerre mondiale de s’être sacrifiés au nom de la pleine citoyenneté, tandis que tous les Canadiens devraient célébrer l’égalité des droits de la communauté canadienne d’origine asiatique.
En 2011, suivant la recommandation de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, l’honorable Peter Kent, ministre de l’Environnement, a annoncé que la lutte des soldats canadiens d’origine japonaise de la Première Guerre mondiale pour obtenir le droit de vote constituerait un événement d’importance historique nationale. En temps utile, Parcs Canada consultera la communauté nippo-canadienne afin de planifier l’installation d’une plaque honorant la mémoire de ces soldats courageux qui ont contribué à faire évoluer la notion de citoyenneté, après avoir combattu pour le pays.
Pour de plus amples renseignements sur cette histoire remarquable, lisez l’article suivant : Lyle Dick. Sergeant Masumi Mitsui and the Japanese Canadian War Memorial: Intersections of National, Cultural, and Personal Memory, Canadian Historical Review, volume 91, numéro 3 (septembre 2010), pp. 435 à 463 (en anglais seulement).
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