Quiconque s’intéresse au jour J et à la campagne de Normandie trépigne à chaque découverte d’un nouveau témoignage. Cette fois ce ne sont pas un, mais dix-huit récits inédits que nous propose Annick Cojean dans un nouvel ouvrage publié chez Grasset, intitulé Nous y étions : 18 vétérans racontent heure par heure le D-Day.

Grand reporter au Monde, lauréate du Prix Albert Londres, Annick Cojean est l’autrice de plusieurs livres parus chez Grasset, dont, avec Gisèle Halimi, Une farouche liberté en 2020.

Inspirée par les récits de sa mère lorsqu’elle était enfant, Annick Cojean a profité du 50e anniversaire du jour J en 1994 pour recueillir les propos de vétérans et en publier un résumé dans Le Monde. Trente ans plus tard, voici ces 18 entretiens qui témoignent d’heure en heure du courage et des sacrifices des soldats américains, anglais, canadiens, français et allemands.

Ces 18 témoignages offrent un survol rapide, mais éloquent, de diverses expériences qui ont façonné la participation des Alliés à l’opération Neptune, de même que la réaction allemande. Pour s’en faire une meilleure idée, voici la liste des vétérans qui se sont confiés à l’autrice :

 

 

      • Willy Parr, un jeune Anglais de 22 ans dont le planeur descend sur Pegasus Bridge à l’extrémité est des plages du débarquement;
      • Bill Tucker, un parachutiste américain largué sur Sainte-Mère-Église;
      • André Héricy, un civil français qui rejoint le maquis Saint Clair et fait sauter un chemin de fer;
      • Hans von Luck, un major allemand qui attend désespérément l’ordre de la contre-attaque;
      • John Bulkeley, un Américain qui dirige les dragueurs de mines sur la route d’Utah Beach;
      • Franz Gockel, un soldat allemand âgé de seulement 18 ans, planqué dans un bunker faisant face à la plage Omaha;
      • Len Lomell, un ranger américain qui s’apprête à gravir la falaise de la pointe du Hoc;
      • Jess Weiss, un soldat américain qui débarque sur Omaha;
      • Eva Bojack, une Allemande dont les télégrammes transmis depuis Caen annoncent l’invasion;
      • René de Naurois, l’aumônier du commando Keiffer, composé de 177 volontaires français;
      • John Snagge, journaliste anglais de la BBC qui retransmet les mots du général Eisenhower annonçant l’invasion;
      • Yves Gosselin, capitaine au Régiment de la Chaudière, qui traverse Bernières-sur-Mer;
      • Ted Liska, un soldat américain qui s’enfonce dans le bocage allemand au sud d’Utah;
      • Romuald Nalecz-Tyminski, un commandant polonais qui dirige les salves du destroyer Slazak sur Lion-sur-Mer;
      • Bill Millin, le cornemuseur des commandos britanniques de Lord Lovat près de Bénouville;
      • Denys Boudard, pilote français au sein de la RAF, à bord de son Spitfire;
      • Rolf de Boeser, un jeune soldat allemand de 17 ans qui tente de rallier Sainte-Mère-Église;
      • Charles Lynch, correspondant de guerre canadien.

 

Ce livre sans prétention offre un regard très humain sur les événements, tel que des vétérans ont pu se le remémorer 50 ans après les faits. Nos lecteurs québécois apprécieront particulièrement le chapitre consacré au capitaine Yves Gosselin, du Régiment de la Chaudière, seule unité francophone débarquée le matin du 6 juin 1944, au sein de la 8e Brigade d’infanterie canadienne.

Signe de l’intérêt généré par chaque récit, on regrettera peut-être la brièveté des notices contextuelles, qui informent trop peu sur le parcours de chaque vétéran. Ces témoins, aujourd’hui tous décédés, surgissent néanmoins de l’ombre à travers leurs propres mots et grâce au travail d’Annick Cojean.

 

Frédéric Smith