L’Espion de trop, tout juste paru chez Glénat Québec raconte l’histoire du lieutenant de la Kriegmarine Werner von Janowski, alias Bobbi, un espion allemand véritablement débarqué du sous-marin U-518 à quelques kilomètres de New Carlisle, en Gaspésie, au petit matin du 9 novembre 1942. Novembre 1942. Les sous-marins allemands sillonnent depuis quelques mois le golfe et le fleuve Saint-Laurent. Des navires comme le Caribou ont déjà sombré à la suite d’attaques de U-boots. La bataille du Saint-Laurent fait rage. Les riverains craignent l’arrivée d’espions allemands débarqués des eaux du Saint-Laurent. Janowski est l’un de ceux-là. Les amateurs d’histoire de la Seconde Guerre mondiale connaissent sans doute la suite. Ils la retrouveront dans cette œuvre du dessinateur rimouskois Vincent Rioux, alias VORO, et du scénariste Frédéric Antoine. Les autres la découvriront dans ce rarissime album qui traite d’un épisode québécois de la guerre 39-45.

Source : Le Blog de Voro

Ce qu’on en pense L’Espion de trop constitue un moment de lecture léger et agréable. Les auteurs ne font pas de Janowski un espion particulièrement incompétent, mais la victime, au fil du récit, d’une guerre de pouvoir au sein des services secrets allemands. De fait, aurait-on programmé en haut lieu l’échec de la mission de Janowski? Son passé en Allemagne a-t-il eu un lien avec sa (décon)venue en sol québécois? Le récit est bien découpé et la chute s’avère efficace. Cela dit, les auteurs ont pris quelques libertés avec les faits. Ils font notamment de Janowski un assassin et l’amant d’une jeune femme tout juste rencontrée. Il ne fut ni l’un ni l’autre. La langue québécoise aux accents gaspésiens y est somme toute peu présente, au profit d’un français plutôt propret. Côté dessin, VORO a opté pour la ligne claire fort réussie, alors que les teintes qu’il a choisies nous immergent dans l’époque de la Seconde Guerre mondiale. Un complément de sept pages revient brièvement sur le contexte historique. On y apprend notamment que l’infortuné espion a été le héros d’un comic book en 1946. En refermant l’album, on se met à espérer que l’idée de traiter de certains épisodes québécois de la Seconde Guerre mondiale inspirera enfin les bédéistes de chez nous. Il y aurait tant à raconter.
Sébastien Vincent