Par Sébastien Vincent
Texte inédit
Les écrits d’anciens combattants emprutent à des formes littéraires variées: correspondance, carnet ou journal de guerre, souvenirs rédigés sous forme de mémoires. Peut-être en possédez-vous dans vos archives familiales. Du point de vue historique, ces écrits recèlent peut-être une grande richesse. Voici pourquoi.
Devant la disparition prochaine des derniers acteurs ayant pris part au conflit, ces écrits participent d’une sorte de mémoire collective de la vie quotidienne au front, laquelle survivra aux témoins oculaires.
Ces textes seront d’ailleurs bientôt appelés à prendre le relai de la parole vive quand on considère que l’âge moyen du vétéran de la Seconde Guerre mondiale avoisine les 90 ans, en 2010.
Pourtant, on recense peu de ces textes au Québec, comparativement à la France et au monde anglo-saxon.
Dans mon livre intitulé Ils ont écrit la guerre. La Seconde Guerre mondiale à travers des écrits de combattants canadiens-français, je tente de démontrer la valeur de tels documents.
Partant de cette idée, j’ai trié, analysé et critiqué 26 ouvrages consultables à Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
Ces livres, publiés par des combattants qui ont choisi de prendre la plume pour faire oeuvre de témoignage ou par leurs descendants, s’avèrent peu nombreux quantitativement et de qualité variable.
Ils n’en constituent pas moins des « lieux de mémoire » de l’aventure collective de dizaines de milliers d’engagés volontaires ayant servi outre-mer. Ils portent un éclairage incomparable, voire irremplaçable sur l’expérience au « ras du sol » du champ de bataille en Europe et de la détention dans les camps de prisonniers en Asie.
Ils s’avèrent donc représentatifs de l’expérience des militaires tout en ajoutant détails et précisions à l’histoire militaire. Mais surtout, ils ouvrent sur l’imaginaire et les représentations de leurs auteurs. Ils offrent ainsi l’occasion de se pencher sur le complexe processus de la mise en écriture d’un vécu troublant : la guerre.
L’éventuelle et nécessaire publication de lettres, de journaux personnels et de souvenirs inédits qui demeurent peut-être cantonnés dans des archives familiales québécoises demeure évidemment à la discrétion des familles et doit se faire avec soin et méthode.
Toute nouvelle publication, tout dépendant de sa qualité, ajoutera, à sa manière, une pièce à l’histoire des militaires canadiens-français de la guerre 39-45.
Une histoire qui reste encore à être préciser, malgré les percées des dernières années.
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