Par Pierre Vennat

En 2004, j’ai publié, aux éditions Art Global, sous le titre Général Dollard Ménard, de Dieppe au référendum, une biographie du brigadier général Dollard Ménard, le héros de Dieppe, personnage controversé puisqu’il fut le seul général canadien-français à se prononcer pour le oui lors du référendum de 1980 sur la souveraineté du Québec, ce qui lui valut bien des ennuis.

Voici le résumé de sa biographie que j’ai rédigé pour le site internet des Fusiliers Mont-Royal.

Ce ne sont pas les héros qui manquent dans l’histoire plus que centenaire des Fusiliers Mont-Royal. Mais peu d’entre eux ont frappé autant l’imagination, ont été aussi spectaculaires, médiatisés et controversés que le brigadier général Dollard Ménard, celui qui, dans l’histoire québécoise, est maintenant connu comme le héros de Dieppe.

Natif de Québec, Dollard Ménard avait choisi le métier des armes à temps plein durant la période entre les deux guerres. Il était diplômé du Collège militaire Royal de Kingston et un des rares officiers d’active francophone lors du déclenchement de la Deuxième Guerre mondiale, l’armée régulière ne comptant alors que 4 000 hommes en tout et partout.

Lieutenant du Royal 22e Régiment, Ménard avait été envoyé dès 1936 dans ce qui s’appelait alors l’empire des Indes et avait servi, et fait le coup de feu, dans ce qui constitue aujourd’hui l’Inde, le Pakistan et même l’Afghanistan, bien avant le début officiel de la Deuxième Guerre mondiale.

Dès le déclenchement des hostilités, Ménard se mit en frais de revenir au pays, traversant toute l’Asie, via le Japon, Singapour pour aboutir à Hong Kong, où il servit avec la Royal Navy avant de revenir au Canada puis être envoyé en Angleterre où, au début de 1942, alors le plus jeune lieutenant-colonel du Commonwealth, on lui confia le commandement des Fusiliers Mont-Royal avec comme mission de transformer le régiment en véritable unité de commandos.

Quelques mois plus tard, il mena ses troupes au combat lors du raid sanglant de Dieppe. Blessé cinq fois, il fut ramené miraculeusement en Angleterre, grâce au courage de certains de ses hommes. Rapatrié au pays, décoré, on le fit parader à travers le pays comme héros, pour mousser le recrutement. Son portrait fut reproduit alors sur de grands posters et on invitait les jeunes Canadiens à le venger.

Scène du raid sur Dieppe (19 août 1942)
© nd Auteur: inconnu. Commanditaire: Canada Wide. Référence: Canada Wide.

 

À peine rétabli de ses blessures, on lui confia le commandement du Régiment de Hull au sein d’une brigade canadienne chargée de reconquérir l’île de Kiska, dans le Pacifique, des mains des Japonais.

Malheureusement, il dut être hospitalisé à nouveau au moment même où débutait la campagne de Normandie et on ne lui confia plus de commandement sur le champ de bataille.

À la fin des hostilités, promu colonel, on le nomma d’abord attaché militaire à Paris, puis chef d’état-major des forces de l’ONU chargé de surveiller la trêve entre l’Inde et le Pakistan au Cachemire. Rentré au pays, il occupa divers commandements avant d’être promu brigadier général et commandant du secteur militaire de l’Est du Québec.

Mis à la retraite, Ménard occupa certains postes dans l’entreprise privée, mais fit encore parler de lui lorsqu’en 1980, il fut le seul ex-officier supérieur à se prononcer en faveur de la souveraineté-association, ce qui lui valut bien des ennuis. Malgré tous ses démêlés, il se vit accorder en 1992 la médaille Bene Merenti de Patria puis l’année suivante il fut intronisé grand officier de l’Ordre national du Québec.

Décédé en 1997, ses funérailles eurent lieu au manège de la rue des Pins et cinq ans après a mort, en 2002, la ville de Dieppe décida de nommer en son nom le passage menant à la plage où lui et ses troupes avaient combattu, soixante ans plus tôt.

Outre l’Ordre national du Québec et l’Ordre du service distingué, le général Ménard était titulaire entre autres de la Décoration canadienne (C.D.), de la Légion d’honneur et de la Croix de guerre française, de deux médailles pour avoir servi dans les années 1930 dans l’Armée des Indes, de la décoration de l’O.N.U. pour service de la paix et de diverses médailles canadiennes de service.

En 2005, malgré l’opposition du reste de la famille, son fils Charles mit ses médailles en vente à l’encan. Grâce à l’aide financière d’un philanthrope Ivonis Mazzalo et de quelques membres de la famille régimentaire, les Fusiliers Mont-Royal purent mettre la main sur cette précieuse collection qui se trouve maintenant exposée en permanence au musée régimentaire de l’avenue des Pins.

Pierre Vennat